YERRES ( Essonne ). Le chemin des poètes : 2eme partie.

Publié le par Didier Simonnet

Après avoir parcouru le parc Caillebotte, s'être laissé bercer par Rutebeuf, Charles d'Orléans, François Villon, Clément Marot et tant d'autres poètes et poétesses, le chemin traverse, à Yerres, les rues de Concy et de Marc Sangnier pour rejoindre les bords de l'Yerres en direction de l'Ile Panchout et du parc des deux rivières.

Chemin des poètes à Yerres

 

Yerres, le chemin des poètes

Yerres, le chemin des poètes

A Yerres, le Chemin des Poètes emprunte depuis le pont Soweto, le parc de la propriété Caillebotte, l'Ile Panchout jusqu'au parc des deux rivières dans le quartier de l'abbaye, la Liaison Verte des bords de l' Yerres.
 

 

YERRES ( Essonne ). Le chemin des poètes : 2eme partie.
YERRES ( Essonne ). Le chemin des poètes : 2eme partie.

Stèle : 17

 

 

Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, 
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

Alphonse DE LAMARTINE ( 1790 / 1869 )
 

YERRES : Le Chemin des Poètes.
YERRES : Le Chemin des Poètes.
YERRES : Le Chemin des Poètes.
YERRES : Le Chemin des Poètes.
YERRES : Le Chemin des Poètes.

YERRES : Le Chemin des Poètes.

Stèle : 18
 

Dors-Tu ?

Et toi ! dors-tu quand la nuit est si belle,
Quand l’eau me cherche et me fuit comme toi ;
Quand je te donne un coeur longtemps rebelle ?
Dors-tu, ma vie ! ou rêves-tu de moi ?
Démêles-tu, dans ton âme confuse,
Les doux secrets qui brûlent entre nous ?
Ces longs secrets dont l’amour nous accuse,
Viens-tu les rompre en songe à mes genoux ?
As-tu livré ta voix tendre et hardie
Aux fraîches voix qui font trembler les fleurs ?
Non ! c’est du soir la vague mélodie ;
Ton souffle encor n’a pas séché mes pleurs !
Garde toujours ce douloureux empire
Sur notre amour qui cherche à nous trahir :
Mais garde aussi son mal dont je soupire ;
Son mal est doux, bien qu’il fasse mourir !

Marceline Desbordes-Valmore ( 1786 / 1859 )

Le Chemin des Poètes à Yerres.
Le Chemin des Poètes à Yerres.
Le Chemin des Poètes à Yerres.
Le Chemin des Poètes à Yerres.
Le Chemin des Poètes à Yerres.

Le Chemin des Poètes à Yerres.

Stèle : 19
 

 

Soleils couchants
J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs,
Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
A des archipels de nuages.
Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants,
Amoncelés là-haut sous le souffle des vents,
Groupent leurs formes inconnues ;
Sous leurs flots par moments flamboie un pâle éclair,
Comme si tout à coup quelque géant de l'air
Tirait son glaive dans les nues.
Le soleil, à travers leurs ombres, brille encor ;
Tantôt fait, à l'égal des larges dômes d'or,
Luire le toit d'une chaumière ;
Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ;
Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons,
Comme de grands lacs de lumière.
Puis voilà qu'on croit voir, dans le ciel balayé,
Pendre un grand crocodile au dos large et rayé,
Aux trois rangs de dents acérées ;
Sous son ventre plombé glisse un rayon du soir ;
Cent nuages ardents luisent sous son flanc noir
Comme des écailles dorées.

Victor Hugo ( 1802 - 1885 )

Nuits de juin

L'été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
la plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l'oreille aux rumeurs entrouverte, 
On ne dort qu'à demi d'un sommeil transparant.

Les astres sont plus purs, l'ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l'aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute le nuit errer au bas du ciel.

Victor HUGO ( 1802 - 1885 )

Yerres, le Chemin des Poètes ( Novembre 2016 - Photographies : Didier Simonnet )
Yerres, le Chemin des Poètes ( Novembre 2016 - Photographies : Didier Simonnet )

Yerres, le Chemin des Poètes ( Novembre 2016 - Photographies : Didier Simonnet )

Stèle : 20
 

Chanson de Barberine
 
Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu’allez-vous faire
Si loin d’ici ?
Voyez-vous pas que la nuit est profonde,
Et que le monde
N’est que souci ?
 
Vous qui croyez qu’une amour délaissée
De la pensée
S’enfuit ainsi,
Hélas ! Hélas ! chercheurs de renommée,
Votre fumée
S’envole aussi.
 
Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu’allez-vous faire
Si loin de nous ?
J’en vais pleurer, moi qui me laissais dire
Que mon sourire
Était si doux.
 
Alfred de Musset ( 1810 - 1857 )
Yerres - Le Chemin des Poètes
Yerres - Le Chemin des Poètes
Yerres - Le Chemin des Poètes

Yerres - Le Chemin des Poètes

Stèle : 21
 

L’Invitation au Voyage
Charles Baudelaire

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
 

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire ( 1821 - 1867 )

La vie antérieure

 

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

    Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Le chemin des Poètes - Novembre 2016
Le chemin des Poètes - Novembre 2016
Le chemin des Poètes - Novembre 2016

Le chemin des Poètes - Novembre 2016

Stèle : 22
 

"Les Conquérants" de José Maria de Hérédia ( 1842-1905 )

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Où, penchés à l’avant de blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

José Maria de Hérédia, Les Trophées, 1893.

Le Chemin des poètes - Novembre 2016
Le Chemin des poètes - Novembre 2016
Le Chemin des poètes - Novembre 2016
Le Chemin des poètes - Novembre 2016
Le Chemin des poètes - Novembre 2016

Le Chemin des poètes - Novembre 2016

Stèle : 23
 

Mémento ( Charles Cros - 1842 / 1888 )

 

Les êtres trépignants, amoureux de l’utile,
Passent le temps fuyard à des combinaisons
D’actions au porteur, de canaux, de maisons
De commerce, où leur sens s’éteint ou se mutile.

D’autres ont ici-bas un but aussi futile,
Fabriquant des tableaux, des vers, des oraisons,
Cela, pour que leur nom, durant quelques saisons,
Près des noms des chevaux vainqueurs au turf, rutile.

Vous avez pris la vie autrement. Vous pensez
Que l’agitation incessante, illusoire,
N’est pas oeuvre de dieu, mais rôle d’infusoire.

A rire en plein soleil croyez bien dépensés
Les lugubres instants d’un monde provisoire,
Et n’enlaidissez pas comme les gens sensés.

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016, aux couleurs de l'automne

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016

Stèle : 24
 

Ma Bohême ( Arthur RIMBAUD - 1854 / 1891 )

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Voyelles ( Arthur RIMBAUD - 1854 / 1891 )

 

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -

A. Rimbaud

 
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.

Yerres, le chemin des poètes, juillet 2015 et novembre 2016.

Stèle : 25
 

Vieil océan, aux vagues de cristal, tu ressembles proportionnellement à ces marques azurées que l’on voit sur le dos meurtri des mousses ; tu es un immense bleu, appliqué sur le corps de la terre : j’aime cette comparaison. Ainsi, à ton premier aspect, un souffle prolongé de tristesse, qu’on croirait être le murmure de ta brise suave, passe, en laissant des ineffables traces, sur l’âme profondément ébranlée, et tu rappelles au souvenir de tes amants, sans qu’on s’en rende toujours compte, les rudes commencements de l’homme, où il fait connaissance avec la douleur, qui ne le quitte plus. Je te salue, vieil océan ! Vieil océan, ta forme harmonieusement sphérique, qui réjouit la face grave de la géométrie, ne me rappelle que trop les petits yeux de l’homme, pareils à ceux du sanglier pour la petitesse, et à ceux des oiseaux de nuit pour la perfection circulaire du contour. Cependant, l’homme s’est cru beau dans les siècles. Moi, je suppose plutôt que l’homme ne croit à sa beauté que par amour-propre ; mais, qu’il n’est pas beau réellement et qu’il s’en doute ; car, pourquoi regarde-t-il la figure de son semblable avec tant de mépris ? Je te salue, vieil océan ! 

Isidore Lucien Ducasse ( 1846 - 1870 ) Comte de LAUTREAMONT.
Extrait des " Chants de Maldoror ".

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016 et les couleurs de l'automne par Didier Simonnet.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016 et les couleurs de l'automne par Didier Simonnet.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016 et les couleurs de l'automne par Didier Simonnet.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016 et les couleurs de l'automne par Didier Simonnet.

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout - Novembre 2016 et les couleurs de l'automne par Didier Simonnet.

Stèle : 26
 

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul VERLAINE   (1844-1896)

 
Chanson d’automne
Paul Verlaine

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine, Poèmes saturniens

Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.

Yerres, le chemin des poètes aux couleurs de l'automne. Novembre 2016.

Stèle : 27
 

Le Pont Mirabeau
Guillaume Apollinaire

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

Guillaume Apollinaire ( 1880 - 1918 )

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.
Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.

Yerres, le chemin des poètes sur l'Ile Panchout aux couleurs de l'automne, novembre 2016.

Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.
Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.
Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.
Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.
Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.
Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.
Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.

Yerres sur l'Ile Panchout durant l'été 2006.

Stèle : 28
 

Soir religieux

Vers la lune toute grande,
Qui reluit dans un ciel d'hiver
Comme une patène d'or vert,
Les nuages vont à l'offrande.

Ils traversent le firmament,
Qui semble un choeur plein de lumières
Où s'étageraient des verrières
Lumineuses obscurément.

Si bien que ces nuits remuées
Miorent au fond de marais noirs,
Comme en de colossaux miroirs,
La messe blanche des nuées.

Emile VERHAEREN ( 1855 - 1916 )

 

L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.
L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.

L'Ile Panchout à Yerres, le chemin des poètes. Novembre 2016.

Stèle : 29
 

Simple comme bonjour

L’amour est clair comme le jour 
l’amour est simple comme bonjour 
l’amour est nu comme la main 
c’est ton amour et le mien 
pourquoi parler du grand amour 
pourquoi chanter la grand vie?
Notre amour est heureux de vivre
et ça lui suffit.

C’est vrai l’amour est très heureux 
et même un peu trop… peut-être
et quand on a fermé la porte
rêve de s’enfuir par la fenêtre

Si notre amour voulait partir 
nous ferions tout pour le retenir 
que serait notre vie sans lui 
une valse lente sans musique 
un enfant qui jamais ne rit
un roman que personne ne lit
la mécanique de l’ennui
sans amour sans vie!

Jacques PREVERT ( 1900 - 1977 )

Le chemin des poètes sur l'Ile Panchout. Yerres, novembre 2016.
Le chemin des poètes sur l'Ile Panchout. Yerres, novembre 2016.
Le chemin des poètes sur l'Ile Panchout. Yerres, novembre 2016.
Le chemin des poètes sur l'Ile Panchout. Yerres, novembre 2016.

Le chemin des poètes sur l'Ile Panchout. Yerres, novembre 2016.

Stèle : 30
 

Liberté, de Paul ELUARD ( 1895 - 1952 ) 

Automne sur le chemin des poètes - Novembre 2016. La rivière l' Yerres.
Automne sur le chemin des poètes - Novembre 2016. La rivière l' Yerres.
Automne sur le chemin des poètes - Novembre 2016. La rivière l' Yerres.

Automne sur le chemin des poètes - Novembre 2016. La rivière l' Yerres.

Stèle :31
 

Que serais-je sans toi ?
 

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi, qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N’est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

Louis ARAGON ( 1897 - 1982 )

Yerres, le chemin des poètes - novembre 2016
Yerres, le chemin des poètes - novembre 2016
Yerres, le chemin des poètes - novembre 2016
Yerres, le chemin des poètes - novembre 2016
Yerres, le chemin des poètes - novembre 2016

Yerres, le chemin des poètes - novembre 2016

Stèle : 32
 

Pleinement
 

 


Quand nos os eurent touché terre,
Croulant à travers nos visages,
Mon amour, rien ne fut fini.
Un amour frais vint dans un cri
Nous ranimer et nous reprendre.
Et si la chaleur s'était tue,
La chose qui continuait,
Opposée à la vie mourante,
A l'infini s'élaborait.
Ce que nous avions vu flotter
Bord à bord avec la douleur
Etait là comme dans un nid,
Et ses deux yeux nous unissaient
Dans un naissant consentement.
La mort n'avait pas grandi
Malgré des laines ruisselantes,
Et le bonheur pas commencé.
A l'écoute de nos présences;
L'herbe était nue et piétinée.

René CHAR ( 1907 - 1988 )

Chemin des poètes

Chemin des poètes

Stèle : 33
 

 "À la mystérieuse"
J'ai tant rêvé de toi

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.

Robert DESNOS ( 1900 - 1945 en déportation )

YERRES, le chemin des poètes : Parc des deux rivières. ( Confluent du Réveillon et de l'Yerres )
YERRES, le chemin des poètes : Parc des deux rivières. ( Confluent du Réveillon et de l'Yerres )
YERRES, le chemin des poètes : Parc des deux rivières. ( Confluent du Réveillon et de l'Yerres )

YERRES, le chemin des poètes : Parc des deux rivières. ( Confluent du Réveillon et de l'Yerres )

Stèle : 34
 

Ma richesse

Ma richesse, c’est la feuillée
Qu’argentent les pleurs du matin,
C’est le beau soir dans la vallée,
Dorant l’azur d’un ciel serein ;

Ma richesse, c’est l’eau qui chante,
À l’abri frais des bleus lilas ;
C’est l’oiseau dont la voix enchante
Et qui s’effraie, au bruit des pas.

Mais, plus que la feuille légère,
Plus que les parfums du matin,
Plus que la flamme passagère
Du soir brillant au ciel serein,

Plus que le repos sur la mousse,
Plus que les chants harmonieux,
Ma richesse, c’est ta voix douce,
C’est ton regard, rayon des cieux.


Charles LECONTE DE LISLE ( 1818 - 1894 )

Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.
Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.
Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.
Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.
Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.
Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.

Le Chemin des poètes à Yerres. Parc des deux rivières, novembre 2016.

Publié dans Le Chemin des poètes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article